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Biodiversité et écosystèmes

Comment réaliser un diagnostic biodiversité pour mon entreprise ?

Date :
3/9/2025
Temps de lecture :
12
mn
Auteur :
Doddee

🏢 Bénéfices entreprises

Image de marque
Rétention des talents
Réduction des risques

🌎 Bénéfices sociétaux

Protection des écosystèmes
Biodiversité
Santé publique
Prendre le pouls de la nature : l’importance du diagnostic biodiversité en PME

📌 Sommaire

    Introduction

    Chaque entreprise, même celles issues du secteur tertiaire, dépend directement ou indirectement de la biodiversité : ressources agricoles, eau, climat, pollinisateurs…

    Or, la biodiversité s'effondre : l’IPBES estime qu’environ un million d’espèces pourraient disparaître en quelques décennies sans changement. Plus de 75 % des cultures dépendent des insectes pollinisateurs : quand la nature recule, l’approvisionnement et les coûts des entreprises vacillent.

    La biodiversité touche aussi la santé publique : des écosystèmes en bon état filtrent l’eau et l’air, limitent certaines maladies et rendent les territoires plus résilients. Ignorer cet enjeu dans votre démarche RSE, c’est passer à côté d’une part majeure de vos impacts et de vos risques.

    Le point de départ, c’est le diagnostic.

    Il permet d’identifier, site par site et dans votre chaîne d’approvisionnement, vos dépendances (eau, sols, pollinisateurs), vos pressions (émissions, déchets, artificialisation) et vos leviers d’action.

    Dans cet article, vous verrez pourquoi ce diagnostic est indispensable, comment le réaliser pas à pas (méthode LEAP) et avec qui le construire. Vous aurez alors tout en main pour bâtir un plan d’action biodiversité concret et priorisé.

    Pourquoi votre entreprise devrait réaliser un diagnostic biodiversité ?

    1) Décider avec des faits

    Sans diagnostic, impossible de savoir où concentrer vos efforts. La pression sur la nature augmente (agriculture intensive, urbanisation, artificialisation) et les entreprises y contribuent via leurs achats, leurs sites et leurs émissions.

    But du diagnostic : repérer vos activités les plus impactantes, hiérarchiser vos priorités et choisir des actions efficaces plutôt que dispersées.

    2) Répondre aux exigences et aux attentes

    La CSRD amène les entreprises à rendre compte de leurs impacts sur la biodiversité. Deux cadres utiles pour structurer la démarche :

    • SBTN (Science-Based Targets for Nature) : fixer des objectifs mesurables pour réduire vos impacts et dépendances à la nature.
    • TNFD (Taskforce on Nature-related Financial Disclosures) : identifier, évaluer et communiquer les risques/opportunités liés à la nature. Intérêt concret : anticiper les demandes clients/investisseurs et montrer une démarche crédible.

    3) Réduire les risques sanitaires et réputationnels

    La dégradation des habitats augmente certains risques (ex. zoonoses). En cartographiant vos dépendances et impacts, vous repérez les maillons sensibles de votre chaîne de valeur (déforestation, élevage intensif, pratiques fournisseurs) et limitez les crises potentielles… tout en protégeant votre image.

    4) Créer de la valeur et réduire vos coûts

    La biodiversité touche l’eau, l’énergie, les déchets, les matériaux, la logistique. Un bon diagnostic met en lumière :

    • vos impacts et dépendances,
    • vos bonnes pratiques déjà en place,
    • vos opportunités d’amélioration.

    Exemple : réduire les plastiques à usage unique préserve les milieux, réduit les coûts de traitement et stimule l’innovation (matériaux alternatifs, circuits courts).

    Résultat : compétitivité renforcée et marque employeur plus attractive.

    Comment réaliser facilement un diagnostic biodiversité ?

    L’objectif est simple : obtenir une vue d’ensemble fiable, mobiliser vos équipes et faire émerger 3 à 5 priorités concrètes. Pour rester clair et actionnable, on suit le cadre LEAP (Locate, Evaluate, Assess, Prepare).

    L — Localiser : où agissez-vous et dans quel contexte ?

    Commencez par cartographier vos sites (ateliers, bureaux, entrepôts) et vos fournisseurs clés (en particulier ceux qui manipulent des ressources naturelles).

    Repérez les zones sensibles autour de chaque implantation : rivières, zones humides, sites Natura 2000, parcs naturels. Notez aussi les usages concrets : stockages extérieurs, parkings, éclairage nocturne.

    💡Astuce TPE : Une Google Map privée et une feuille partagée (un onglet par site) suffisent pour démarrer. Épinglez vos sites et fournisseurs, et ajoutez une courte note sur les zones sensibles. Pourquoi ? On ne gère bien que ce que l’on voit : cette carte est la base de vos interactions avec la nature.

    📌 Exemple : Des bureaux à 300 m d’une rivière invitent à surveiller la gestion des eaux pluviales. Un atelier proche d’un site Natura 2000 appelle à réduire l’éclairage nocturne. Un fournisseur papier (scierie) près d’une zone humide mérite une vérification de ses pratiques de gestion.

    👉 À la fin de cette phase, vous devez avoir : une carte complète de vos implantations et fournisseurs et une première vue des sensibilités locales.

    E — Évaluer : de quoi dépendez-vous ? Sur quoi agissez-vous ?

    Passez ensuite à l’analyse des pressions et des interdépendances.

    D’abord, balayez les cinq facteurs de pression (IPBES) pour situer votre activité :

    • Changements d’usage des terres/mer : artificialisation, déforestation, étalement.
    • Surexploitation : prélèvements excessifs, monocultures.
    • Changement climatique : émissions, exposition de vos sites aux aléas.
    • Pollutions : plastiques, pesticides, rejets (air/eau), bruit, lumière.
    • Espèces exotiques envahissantes : introduction ou propagation favorisée par vos activités.

    Questions clés à vous poser :

    • Où se trouvent vos impacts (par site, par opération, dans la chaîne amont/aval) ?
    • De quels services écosystémiques dépendez-vous (eau, sols, pollinisateurs, climat local) ?
    • Et que se passe-t-il sur l’ensemble du cycle de vie (fournisseurs → usage → fin de vie) ?

    Puis collectez des données factuelles (simples mais utiles) :

    • Eau : m³ consommés, m³ rejetés, dispositifs de rétention/traitement.
    • Énergie / émissions : kWh, tCO₂e (inclure le transport si possible).
    • Déchets / matières : tonnes, % réemployé/recyclé, origines (certifications).
    • Sites : surfaces imperméabilisées, éclairage nocturne, proximité de zones sensibles.
    • Fournisseurs : pratiques clés (bois certifié, intrants agricoles, solvants, etc.).

    À partir de là, dressez l’inventaire “dépendances / impacts” par site.


    📌 Exemple : un restaurant dépend de l’eau potable, des sols agricoles et des pollinisateurs, et impacte via les plastiques et les huiles usagées ; un e-commerce dépend des transports et des emballages, et impacte via les émissions de CO₂ et le bruit pour les riverains ; un paysagiste dépend de sols sains et de la biodiversité locale, et impacte via la tonte intensive et les pesticides.

    Choisissez enfin 5 à 7 indicateurs pour suivre ces sujets : m³ d’eau consommés/an ; m³ d’eaux usées rejetées/an ; kWh ou tCO₂e ; tonnes de déchets et % recyclé ; km parcourus ou tCO₂e transport.


    📌 Exemple : un commerce qui utilise 1 000 sachets plastiques par mois se fixe l’objectif d’atteindre zéro en six mois grâce à des sacs recyclés.

    N’oubliez pas de recenser vos bonnes pratiques déjà en place (achats certifiés FSC/PEFC, AB, Bee Friendly, HVE ; tri/réemploi ; réduction des plastiques à usage unique ; toits végétalisés et refuges pour pollinisateurs ; éclairage nocturne maîtrisé ; récupération d’eau ; logistique optimisée) et d’y associer, quand c’est possible, un résultat factuel (ex. part de matières certifiées, kg de plastiques évités). Terminez par une ou deux pistes d’amélioration évidentes.

    👉 À la fin de cette phase, vous devez avoir : un tableau par site/activité avec vos dépendances, impacts, bonnes pratiques et indicateurs.

    A — Analyser : quelle priorité pour la nature et pour votre activité ?

    Vient le temps de prioriser.

    Pour chaque sujet, attribuez d’abord une cote “Nature” de 1 à 5 en répondant à quatre questions :

    • Échelle : un site ? 200 m² ou 20 000 m² ?
    • Portée : espèces protégées ? rivière ? riverains ? ;
    • Irréversibilité : réparable rapidement ou impact durable ? ;
    • Impact sociétal : santé, nuisances sonores, qualité de vie.

    📌 Exemple : Une zone de stockage extérieure qui génère des eaux sales : échelle 3, portée 3, irréversibilité 2, impact sociétal 3 → 3/5.

    Attribuez ensuite une cote “Business” de 1 à 5 en évaluant :

    • Magnitude : coût si le problème survient ;
    • Probabilité, vulnérabilité : capacité à encaisser/éviter ;
    • Vitesse : à quelle échéance.

    📌 Exemple : Le manque d’eau peut entraîner deux jours d’arrêt : magnitude 4/5 ; probabilité 3/5 (coupures déjà constatées l’été dernier) ; vulnérabilité 4/5 (pas d’alternative) ; vitesse 4/5 (risque dès l’été prochain) → 4/5.

    Placez ensuite chaque sujet dans une matrice 2×2 :

    • en haut à droite : les sujets critiques à traiter en premier ;
    • en haut à gauche : les sujets importants pour la finance ;
    • en bas à droite : les sujets importants pour la nature ;
    • en bas à gauche : les sujets les moins prioritaires.

    Matrice de priorisation biodiversité

    📌 Exemple : Des rejets d’eaux sales notés 3 (Nature) / 4 (Business) invitent à installer un bac de rétention. Des plastiques d’emballage notés 4 / 3 poussent à passer au papier recyclé. Un parking imperméable noté 4 / 4 devient une double priorité et conduit à désimperméabiliser partiellement.

    C’est aussi le bon moment pour valider brièvement ces constats avec vos parties prenantes : direction, référent RSE, achats, production, logistique, RH, et deux ou trois acteurs externes (fournisseurs, clients, collectivités/associations, riverains).

    L’objectif n’est pas un grand débat, mais de déceler les angles morts et de renforcer l’adhésion.

    👉 À la fin de cette phase, vous devez avoir : une short-list de 3 à 5 sujets prioritaires.

    P — Préparer : synthèse, premières actions et documentation

    Finalisez une synthèse claire : pressions prioritaires (pollution, déforestation, etc.), points forts, lacunes, opportunités. Classez les impacts (faibles, modérés, élevés) et déclinez les premières actions SMART pour chaque priorité : objectif simple, responsable, échéance, indicateur de suivi.


    📌 Exemple :

    • Action à mener : Installer un bac de rétention
    • : Sur le site A
    • Quand : Trimestre 1
    • Indicateur : m³ d’eaux sales interceptés.

    Documentez vos méthodes et limites pour assurer la transparence et faciliter les mises à jour : sources (factures d’eau, relevés des bennes), hypothèses (par ex. probabilité estimée à partir de trois étés secs), limites (mesures de bruit indisponibles, données fournisseurs incomplètes), améliorations prévues et responsables par point.

    👉 À la fin de ce diagnostic, vous devez avoir :

    1. La carte des sites, fournisseurs et zones sensibles.
    2. Les tableaux par site (dépendances, impacts, pratiques, indicateurs).
    3. La matrice 2×2 et la short-list des 3 à 5 priorités.
    4. La note “méthodes & limites” et les premières actions (qui fait quoi, quand, avec quoi mesurer).

    Conclusion

    Le diagnostic biodiversité n’est pas une formalité. C’est le socle d’une stratégie RSE crédible : il vous aide à prioriser, à mobiliser vos équipes et à anticiper les attentes réglementaires liées à la biodiversité et aux écosystèmes.

    Vous posez ainsi les fondations d’un plan d’action ambitieux et réaliste, utile à la fois pour votre activité et pour la nature.

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    Questions fréquentes

    Qu’est-ce qu’un diagnostic biodiversité et à quoi sert-il ?

    Un diagnostic biodiversité est une démarche structurée qui permet de cartographier vos dépendances et vos impacts sur la nature. Vous identifiez où et comment votre activité contribue à l’érosion du vivant (artificialisation, pollutions, émissions) et quels services écosystémiques sont essentiels à votre fonctionnement (eau, matières premières, pollinisateurs). Ce diagnostic sert de boussole : il vous aide à hiérarchiser vos enjeux, à définir des objectifs et à planifier vos actions en cohérence avec des référentiels comme le SBTN et le TNFD.

    Comment commencer un diagnostic biodiversité si je ne suis pas spécialiste ?

    Pas besoin d’être écologue pour se lancer. Commencez par dresser l’inventaire de vos activités (achats, production, logistique, services) et de votre chaîne d’approvisionnement. Collectez vos données (consommation d’eau et d’énergie, volumes de déchets, provenance des matières premières) et interrogez vos fournisseurs. La norme AFNOR NF X32‑001 « Démarche biodiversité des organisations » vous fournit une méthode simple pour passer en revue vos impacts, définir des objectifs concrets et planifier des actions. Vous pouvez également utiliser des outils comme ENCORE ou le Diag Biodiversité de Bpifrance.

    Quels indicateurs suivre pour mesurer l’impact de mon entreprise sur la biodiversité ?

    Les indicateurs varient selon votre secteur, mais vous pouvez commencer par suivre : la surface de sols artificialisés ou restaurés, la quantité de déchets réduits ou recyclés, la consommation d’eau et d’énergie, la part d’achats certifiés (FSC, Agriculture Biologique, Bee Friendly, HVE), la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et le nombre d’espèces protégées ou habitats recréés sur vos sites. Le cadre SBTN recommande de mesurer une baseline et de suivre les progrès via des KPI adaptés. Ces indicateurs vous aideront à démontrer vos avancées à vos parties prenantes.

    Combien de temps et de ressources faut-il pour réaliser un diagnostic biodiversité ?

    Tout dépend. Pour une PME, une première évaluation peut être réalisée en quelques semaines en mobilisant une petite équipe transversale (RSE, achats, production, logistique). Le temps nécessaire inclut la collecte des données, l’analyse des impacts et la consultation des parties prenantes.

    Le diagnostic biodiversité est-il obligatoire ?

    En France, la plupart des TPE/PME n’ont pas d’obligation générale de réaliser un diagnostic biodiversité, sauf en cas de projet soumis à étude d’impact environnemental, évaluation des incidences Natura 2000 ou autorisation environnementale (ex. installations classées). En revanche, la directive CSRD, en vigueur dès 2024 pour les grandes entreprises et progressivement jusqu’en 2028, impose une analyse de double matérialité : les entreprises doivent évaluer leurs impacts, dépendances, risques et opportunités liés à la biodiversité (norme ESRS E4) et publier les informations pertinentes. Même si votre entreprise n’est pas encore concernée, anticiper ces exigences en réalisant un diagnostic simplifié vous permettra de répondre aux demandes croissantes des clients, partenaires et financeurs, d’éviter le greenwashing et de renforcer votre crédibilité.

    Sources

    Crédits & Mentions Légales

    Checking health listening tree nature @sasirin-pamais-images / Canva Pro

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